« En Octobre 2020, j’ai eu la chance d’être invitée par notre guide local de la région à Nueva Venecia, un village caché dans la plus grande marais colombienne, la Ciénaga Grande. Cette dernière forme un écosystème dans lequel l'eau salée de la mer des Caraïbes se mélange aux eaux douces du fleuve Magadalena et de la Sierra Nevada. C’est d’ailleurs la première information que le guide me communique à mon arrivée sur le quai de Pueblo Viejo.
Cette traversée de plus d'une heure à travers le marais nous offre un véritable spectacle de la nature où différentes espèces d'oiseaux et d'arbres coexistent en harmonie. Au loin, je commence à apercevoir les petites maisons colorées sur piloties, je pense directement au « réalisme magique » de Gabriel García Marquez et me demande si finalement je ne suis pas arrivée dans un des villages tout droit sorti de son imagination.
A l’entrée de Nueva Venecia, je suis accueillie avec immense joie par les habitants et les responsables du développement tourstique ici au village. Nous nous saluons depuis nos pirogues respectives et je ressens déjà le premier choc culturel : ici, on se déplace en pirogue. Cela fait partie intégrante de la vie quotidienne des habitant du village. Que ce soit pour aller faire les courses, aller à l’église, jouer au football avec ses amis ou encore se rendre à l’école, la pirogue est l’outil principal sans lequel rien ne peut se faire.
Je commence mon intégration au sein de la communauté avec une activité locale, la pêche artisanale avec l'atarraya (un grand filet de pêche que l'on lance de façon circulaire pour attraper des poissons de petite et moyenne taille). Un excellent moyen de s'amuser tout en découvrant la culture et les traditions de la région. Le guide me commente que la pêche est la principale économie locale, mais malheureusement, avec la destruction de l’équilibre de la Ciénaga, l’eau est devenue plus salée, les mangroves ont diminué et les poissons disparaissent au fur et à mesure du temps.
Tout au long de la visite, Wendy, 19 ans et future guide touristique de Nueva Venecia, m’en apprend un peu plus sur la routine des habitants et leurs histoires. Pour comprendre la réalité du village, nous navigons dans les "rues", en visitant des points d'intérêt tels que la maison de María la Mandona (reine éternelle du carnaval), le menuisier, l'artisan et l'apothicaire (qui se consacre à l'étude de la médecine à travers les livres). Dans chacun de ces endroits, les habitants ont une histoire unique à raconter, faite de résilience, de persévérance et d'humour.
Nous marquons également un arrêt dans boulangerie de Wendy et de sa maman où une autre activité m’attend : je dois vendre le pain en pirogue pour les habitants du village. Je me prête au jeu et commence mon travail : « Hay pan fresco a 500 pesos ! » (« ¡Il y a du pain frais à 500 pesos! »). Une vraie journée dans la vie quotidienne d'un.e local.e !
Pour finir, nous arrivons au point d'information (la maison bleue) où le groupe de musique m’attend avec ses danseuses pour interpréter la danse traditionnelle le « Baile Negro » (« La Danse Noire »), un rythme qu'ils utilisent pour raconter les réalités du territoire et les faits particuliers de leur vie quotidienne. Tambour en main, vêtus de leur costume traditionnel, les habitants me font vivre un moment hors du temps. Nous dansons, tournons, échangeons des sourires et des rires comme si nous nous connaissions depuis toujours.
Je suis étonnée par le nombre de personne dans le village - jeunes et moins jeunes – à participer à cette expérience.Chaque personne joue son rôle à merveille, et est impliqué dans l’organisation et le déroulement des activités.
Nous retrouvons la terre ferme en fin de matinée avec de nombreux souvenirs en tête. Bien plus qu’une simple visite, cette excursion est un véritable échange humain, une prise de conscience et une expérience extrêmement enrichissante.
Aujourd'hui, Nueva Venecia compte sur le tourisme pour tenter de développer et d'équilibrer son économie et compenser les pertes des pêcheurs dues au déficit de poissons dans la Ciénaga. Comme dans d'autres régions reculées, le tourisme représente une lumière au bout du tunnel. »
Victoire - Tucaya Colombie
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